Les Hauts de Hurle-Vent– Emily Brontë
Le Livre de Poche – 480 pages
Les Hauts de Hurle-Vent sont des terres balayées par les vents du nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. Mr Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l’ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, il prépare une vengeance diabolique. Il s’approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu’au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et fruste. Ce roman anglais, le plus célèbre du XIXe siècle à nos jours, a été écrit par une jeune fille qui vivait avec ses sœurs au milieu des landes de bruyère. Elle ne connut jamais cette passion violente ni cette haine destructrice. Elle imagina tout, même le fantôme de la femme aimée revenant tourmenter l’orgueilleux qui l’a tuée.
Les Hauts de Hurle-Vent est l’unique roman d’Emily Brontë. Il est publié en 1847. Il ne connaît pas un succès immédiat, mais devient par la suite un des plus célèbres écrits du XIXè siècle.
Ma première lecture des Hauts de Hurle-Vent date déjà de quelques années. Il m’avait laissé un très fort souvenir qui m’a aujourd’hui mener à redécouvrir ce roman qui reste pour moi incontournable.
La famille Earnshaw vit aux Hauts de Hurle-Vent, dans un manoir isolé au cœur de la lande. Mr Earnshaw adopte alors le jeune Heathcliff, un jeune enfant abandonné, dont il se prend d’affection et qu’il protège au détriment de son fils Hindley, lequel lui voue une jalousie haineuse. Seule Catherine se prend d’affection pour Heathcliff et devient le seul être aimé à jamais…
L’histoire des Hauts de Hurle-Ventnous est révélée par l’intermédiaire de Mr Lockwood, nouveau locataire de la Grange, qui lors d’une visite de courtoisie aux Hauts désire en savoir plus sur ses étranges habitants. Il trouve en la personne de Nelly Dean, la domestique, une commère qui va lui révéler l’histoire tourmentée de cette famille qui a sombré dans la haine et la noirceur.
Dans la première partie, les Hauts de Hurle-Ventsont le théâtre d’une histoire d’amour. L’amour de Heathcliff et de Catherine. Un amour fou, violent, un amour tourmenté, à l’image du ciel au dessus de leurs têtes, orageux, noir, glacial, sinistre.
On apprend dès le début que Catherine est morte et que Heathcliff en est tellement fou de douleur qu’il désire plus que tout être hanté par son spectre.
Mais au moment où tout commence, il y a près de quarante ans, Heathcliff aime Catherine, et Catherine aime Heathcliff. Lui, n’a qu’elle. Et elle, le renie.
« Ce serait me dégrader moi-même, maintenant, que d’épouser Heathcliff. Aussi ne saura-t-il jamais comme je l’aime ; et cela, non parce qu’il est beau Nelly, mais parce qu’il est plus moi-même que je ne le suis. »
A ce moment là, Heathcliff s’enfuie, et Catherine se marie avec Edgar Linton. A la force et la violence de Heathcliff s’oppose la faiblesse d’Edgar, que j’ai même trouvé un peu agaçant pour son côté poltron. D’ailleurs, Catherine profite de la faiblesse de caractère du frère et de la sœur. Elle est même cruelle et méprisante avec eux.
« Je vous le dis, j’ai une telle foi dans l’amour de Linton que je crois que je pourrais essayer de le tuer sans qu’il eût le désir de se venger ».
Ils vivent à la Grange, Catherine plus ou moins dans la mélancolie, jusqu'au jour où Heathcliff réapparaît…
La deuxième partie commence à la réapparition de Heathcliff après trois ans d'absence, pendant lesquels il a fait fortune on ne sait comment. La force des sentiments entre Heathcliff et Catherine est si violente lors de leurs retrouvailles qu’ils ne se soucient pas de blesser leur entourage. Seul importe le plaisir de se retrouver, de se voir, de se toucher. Quelle force dans ses sentiments ! Quelle violence ! Tout et tous sont paraissent insignifiant à leurs côtés.
Mais Heathcliff n'est désormais plus que violence, folie et tourment :
"Catherine Earnshaw, puisses-tu ne pas trouver le repos tant que je vivrai ! Tu dis que je t'ai tuée, hante-moi, alors ! Les victimes hantent leurs meurtriers, je crois. Je sais que des fantômes ont erré sur al terre. Sois toujours avec moi... prends n'importe quelle forme... rends-moi foi ! mais ne me laisse pas dans cet abîme où je ne puis te trouver. Oh ! Dieu ! c'est indicible ! je ne peux pas vivre sans ma vie ! je ne peux pas vivre sans mon âme !"
Il est revenu pour prendre sa revanche sur le passé et sur les êtres qui l'ont rabaissé. Il va peu à peu mettre en place sa vengeance qui se réalisera par la manipulation de la génération suivante. Il veut infliger aux enfants la punition destinée aux parents, leur faire payer les souffrances endurées pendant sa propre enfance.
Mais finalement, l'histoire se répète ...
Les Hauts de Hurle-Vent d'Emily Brontë est un chef d'oeuvre de la littérature anglaise du XIXè siècle. Le récit d'Emilie Brontë est tellement bien ficelé que l'histoire nous est révélée d'une façon totalement fluide, limpide. Il n'y a aucune lourdeur, aucun temps mort. Le lecteur est avide de connaître les révélations qui vont lui être faites sur ces personnages. Les personnages comme l'atmosphère y sont dépeints avec une maîtrise totale. Les sentiments sont tout aussi tourmentés que le vent qui souffle sur la lande. Une atmosphère pesante, noire est entretenue tout au long du récit. Les personnages sont extrêmes dans leurs sentiments, dans leurs actes. La violence, le tourment dominent. On peut se demander comment Emily Brontë, une jeune femme d'une vingtaine d'années à peine, dont le père est pasteur, a pu enfanter d'une telle oeuvre dans laquelle dominent le tourment et la violence.
Les Hauts de Hurle-Vent d'Emily Brontë est une oeuvre magnifique et indispensable qui reste pour moi un éternel coup de coeur.
Je précise qu'une adaptation cinématographique a été tirée de ce roman avec Juliette Binoche et Ralph Fiennes.