Loin de l’Irlande – Ann Moore, Edition du Club France Loisirs, 597 pages.
Veuve de fraîche date, Grace O’Malley embarque sur l’un des « bateaux de la famine » qui emmènent des milliers d’Irlandais loin de leur île, frappée par la guerre et la misère, vers le Nouveau Monde.
Ce départ est un déchirement pour la jeune femme : non seulement elle quitte sa terre natale, mais elle doit laisser derrière elle son père et son fils nouveau-né, trop faible pour supporter le voyage. Au terme d’une éprouvante traversée, Grace arrive enfin à New York. Elle y retrouve son frère Sean, qui l’attend depuis des mois. Mais, alors que celui-ci est enthousiasmé par l’énergie qui émane de la grande ville, Grace découvre l’autre versant du rêve américain, avec son cortège de misère et d’injustice…
Loin de l’Irlande d’Ann Moore est la suite de Grace O’Malley.
Obligée de fuir l’Irlande, Grace O’Malley, jeune femme sensible et courageuse, embarque, en compagnie de sa fille, sur le navire du capitaine Reinders.
Après une traversée très éprouvante, elle débarque à New York et y retrouve son frère Sean. Là, elle a la chance d’être accueillie, alors que d’autres compatriotes sont toujours dans la misère. Cette terre pleine de promesse que représentait l’Amérique aux yeux de milliers de gens qui ont fuit leur pays et la misère, n’est pas à la hauteur de leurs espérances.
Ici, les immigrants irlandais sont au plus bas de l’échelle sociale, pas mieux considérés que les esclaves noirs.
J’ai bien apprécié ce deuxième volet de l’histoire de Grace O’Malley, cette femme courageuse, et de celle de son peuple, qui sont mises en parallèle dans ce roman. Elle est toujours confrontée à la douleur d’avoir perdu les siens, mais elle est dotée d’un caractère fort, et généreux. C’est une femme admirable et admirée. Elle poursuit sa vie sur un autre continent, confrontée à d’autres aventures…
Une fresque qui nous en apprend sur les conditions de vie de ces immigrants remplis d’espoirs, venus chercher la terre promise en Amérique, et souvent déçus de ce qu’ils y ont trouvé. Une histoire qui nous fait réfléchir sur la perte des valeurs, des traditions et des repères des hommes et leurs conséquences sur leurs vies et celles des générations futures.
Extraits :
« Elle était d’accord avec le journaliste qui écrivait que ces enfants, privés de modèles de gentillesse, de moralité et de considération, deviendraient en grandissant une génération de prédateurs comme il n’en avait jamais existé. Si rien n’était fait pour eux maintenant, ils deviendraient des adultes cruels, dénués de toute conscience morale. Elle avait cru que les pauvres de Dublin étaient les plus démunis, avant de connaître Liverpool. Ici, elle réalisait que l’homme pouvait tomber encore plus bas. »
« Soustraits à l’influence de leurs traditionnelles paroisses et à la hiérarchie de leurs familles, les irlandais étaient perdus dans ce monde nouveau. Les hommes s’éloignaient de leur femme et de leurs enfants, tirés vers le bas par l’alcool et le dégoût qu’ils avaient d’eux-mêmes, sans pour autant trouver le moyen de soulager leur peine. Le comble de l’absurdité, jugeait Grace, était que ces Irlandais pour qui la terre représentait tout, et qui avaient été prêts à mourir pour en sauver le moindre lopin, avaient fini par s’implanter en ville, et dans les conditions les plus épouvantables que l’on pouvait y trouver, au cœur des pires taudis, surpeuplés et sordides… »
A découvrir…
Après Grace O’Malley et Loin de l’Irlande, la trilogie d’Ann Moore se poursuit avec En attendant l’aube.
Lu dans le cadre du défi de lecture "Le Nom de la Rose"