Le Pays sans Adultes- Ondine Khayat
Éditions Anne Carrière - 338 pages.
J'ai onze ans, et je vis dans une famille complètement tordue. Heureusement qu'il y a mon frère Maxence. Lui, c'est mon manuel du savoir-survivre. Le soir, on ferme nos oreilles à double tour, pour ne plus entendre les cris de nos parents qui se disputent.
Croyez-moi sur parole, la vie, c'est pas pour les enfants.
Maxence a préféré partir au Pays sans Adultes. Moi, j'ai voulu le rejoindre, mais je me suis trompé de chemin. Avec mes nouveaux amis, Valentine et Hugo, on a beaucoup discuté et on s'est fait une promesse : quand on sera grands, on prendra tous les enfants malheureux dans nos filets, et on ne les relâchera que quand ils sauront vraiment nager. Promis, juré.
En général, les romans dans lesquels il est question d'enfants malheureux ou maltraités, j'évite. Je ne supporte pas... Trop sensible...
J'ai fait une exception pour Le Pays sans Adultes... Et je ne le regrette pas !
Evidemment, je ne vous le cache pas, impossible de retenir mes larmes... Ondine Khayat a su me toucher !
Slimane, onze ans, nous décrit avec des mots d'enfant son quotidien dans une famille où la mère qui bosse du matin au soir se fait battre par son mari, chômeur alcoolique. Sauf qu'après avoir défiguré sa femme, il en reste pour ses enfants...
Slimane ne peut compter que sur son grand frère Maxence, son arc en ciel, qu'il vénère plus que tout. Lui seul sait le protéger, lui embellir la vie et le faire s'évader de cet enfer.
Mais le Démon est là, avec sa violence... Cette violence qui déborde...
Et Maxence n'arrive plus à voir les étoiles dans son ciel... Dans son ciel, tout est devenu noir...
Maxence ne l'a pas supporté. Il est parti... au Pays sans Adultes... Laissant seul le petit Slimane...
Ondine Khayat nous offre un récit fort et émouvant raconté avec des mots d'enfants, simples, justes.
Ces enfants qui vivent dans l'angoisse, la peur au ventre, confrontés à la douleur, à la violence, impuissants, "à la merci de la folie des adultes" (page 20). Ces enfants privés de leur insouciance, qui savent des choses, que les enfants ne doivent pas savoir... qui vivent ce que les enfants ne doivent pas vivre... Ces enfants qui ne comprennent pas que les adultes puissent détruire tout ce qu'ils touchent... Ces enfants qui prefèrent partir vivre au Pays sans Adultes...
Extraits :
- "- Et maman, elle nous aime ?
- Oui, mais elle est complètement paumée.
- Tu crois qu'elle a perdu son chemin ?
- C'est ça. Elle a pris la mauvaise route. Elle aurait dû revenir sur ses pas il y a longtemps.
- Pourquoi elle l'a pas fait ?
- Les adultes, c'est comme ça qu'ils vivent. Ils font des erreurs, et après, ils ont plus la force de tout recommencer.
- Les enfants, c'est pas pareil ?
- Non, parce que les enfants n'ont pas encore mis de barreaux autour de leur vie." (page 125).
- "Je pars au Pays sans Adultes. Je voudrais t'emmener avec moi, Slimane, mais tu es encore top petit pour décider, alors je préfère partir tout seul. Là où je serai, je veillerai sur tous les enfants du monde, pour qu'ils ne soient plus jamais seuls. Je sais qu'un jour viendra où le soleil illuminera nos vies et tuera l'obscurité qui les recouvre. Je sais qu'un jour viendra où les enfants n'auront plus jamais peur et ne s'endormiront plus en pleurant, perdus au fond de leur lit. Je ne peux plus rester ici. Je souffre tellement que parfois, je n'arrive plus à respirer. Ne sois pas triste, Slimane. Je serai toujours avec toi. Mais là où je vais, je sera plus utile pour vous tous. Je t'aime. Maxence." (page 144).
J'ai été touchée par ce roman, par la détresse de ces enfants. Révoltée par cette violence ! Aucun enfant ne devrait jamais subir les erreurs des adultes... Et pourtant...
Je me suis trouvée transportée par ces mots d'enfant à la fois simples et justes.
Un roman magnifique à vous arracher des larmes !
Tout simplement bouleversant !
Un grand merci à Suzanne de ainsi qu'aux Éditions Anne Carrière pour m'avoir permis de découvrir Ondine Khayat et Le Pays sans Adultes.