Ensemble, c’est tout – Anna Gavalda
J’ai lu, 574 pages
« Et puis, qu’est-ce que ça veut dire, différents ? C’est de la foutaise, ton histoire de torchons et de serviettes… Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c’est leur connerie, pas leurs différences… »
Camille dessine. Dessinait plutôt, maintenant elle fait des ménages, la nuit. Philibert, aristo pur jus, héberge Franck, cuisinier de son état, dont l’existence tourne autour des filles, de la moto et de Paulette, sa grand-mère. Paulette vit seule, tombe beaucoup et cache ses bleus, paniquée à l’idée de mourir loin de son jardin.
Ces quatre-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Trop perdus, trop seuls, trop cabossés… Et pourtant, le destin, ou bien la vie, le hasard, l’amour – appelez ça comme vous voulez -, va se charger de les bousculer un peu.
Leur histoire, c’est l’histoire des dominos, mais à l’envers. Au lieu de se faire tomber, ils s’aident à se relever.
Ensemble, c'est tout est un livre qui compte plus de cinq cent pages, mais qu'on ne peut pas quitter. On voudrait le lire d’une traite. Le style d’Anna Gavalda est simple, fluide, très agréable à lire.
Les personnages, Camille, Philibert, Franck et Paulette sont très attachants. Quatre êtres brisés, qui tentent de survivre malgré le poids de leurs blessures, de leur mal être… Puis ils se croisent, se rencontrent, s’apprivoisent…et finissent par se soutenir, par s’aimer. Finalement, ces êtres cabossés par la vie nous donnent une merveilleuse leçon d’espoir…
Malgré les blessures que l’on peut trainer, il faut toujours garder espoir ; dans la vie, il arrive aussi des choses biens… encore faut il s’en apercevoir…
Ensemble, c’est tout, est un roman très fort, à la fois drôle et triste, un roman très émouvant, que j’ai beaucoup aimé.
Extrait :
« Un boulot de merde, une vie de merde, une mémé à l’ouest et un déménagement en perspective. Redormir sur un clic-clac pourri perdre une heure à chaque pause. Ne plus jamais voir Philibert. Ne plus jamais le titiller pour lui apprendre à se défendre, à répondre, à s’énerver, à s’imposer enfin. Ne plus l’appeler mon gros minet en sucre. Ne plus penser à lui mettre une bonne gamelle de côté. Ne plus épater les filles avec son lit de roi de France et sa salle de bains de princesse. Ne plus les entendre, lui et Camille, parler de la guerre de 14 comme s‘ils l’avaient vécue, ou de Louis XI comme s’il venait de boire un godet avec eux. Ne plus la guetter, ne plus lever le nez en ouvrant la porte pour savoir, à l’odeur de sa cigarette, si elle était déjà là. Ne plus se précipiter sur son carnet dès qu’elle avait le dos tourné pour voir les dessins du jour. Ne plus se coucher et avoir la tour Eiffel illuminée pour veilleuse. Et puis rester en France, continuer de perdre un kilo par service et de le reprendre en bières juste après. Continuer d’obéir. Toujours. Tout le temps. Il avait fait que ça : obéir. Et maintenant, il était coincé jusqu’à… Vas-y, dis-le jusqu’à quand, dis-le ! Eh ben, ouais, c’est ça… Jusqu’à ce qu’elle claque… comme si sa vie ne pouvait s’arranger qu’à la seule condition de le faire souffrir encore…
Putain, mais c’est bon, là ! Vous pouvez pas vous exciter sur un autre que moi, maintenant ? C’est vrai, quoi, j’ai eu ma dose…
Elles sont pleines de merde mes bottes, les gars, alors allez voir ailleurs si j’y suis… Moi, c’est bon. J’ai raqué. »
A lire absolument ! Une très belle histoire de vies.
Il faut que je précise qu’un film de Claude Berri a été réalisé d’après ce roman, avec Audrey Tautou et Guillaume Canet, entre autre... Je ne l'ai pas encore vu, mais c'est prévu !