Manhattan - Anne Révah
Arléa - 96 pages.
Elle part. Elle fuit après avoir appris l'inacceptable.
Elle n'a pas peur, non, mais elle veut mettre de l'ordre dans sa vie.
C'est une lettre qu'elle choisit d'écrire, une seule lettre. Les mots coulent comme un torrent, emportant sur leur passage la vie d'avant, les secrets, les mensonges, les blessures non refermées.
Elle écrit et se délivre, fait place nette, se retrouve enfin et peut, apaiser, aller vers son destin.
Anne Révah a quarante et un ans. Elle vit à Paris. Manhattan est son premier roman.
La maladie. Le diagnostique tombe implacable. Quatre taches blanches dans la tête.
Une décision s'impose : partir.
Seule, elle se retourne sur elle-même dans une introspection qu'elle dévoile dans une lettre à sa mère.
Une lettre à sa mère. Une confession. Un point final à sa vie d'avant les taches blanches, d'avant la maladie.
Elle regarde cette vie d'avant sans complaisance.
Elle se sent vide, creuse. Elle fait illusion, se créé une apparence, s'y complaît. Elle vit hors d'elle-même à travers le regard des autres.
Ce vide, cette peur du noir, de la solitude masquent une blessure profonde.
Difficile de se construire en tant qu'adulte après une enfance profondément blessée.
Pour pouvoir enfin être soi-même, l'adulte doit se libérer du poids de sa blessure d'enfant.
Après LA blessure, l'enfant se coupe de son être et de son ressenti.
Et l'adulte qu'il devient se montre "sans fissure". L'adulte puise chez les autres pour leur ressembler (en apparence). L'adule puise chez les autres ses masques.
En écrivant cette lettre à sa mère, elle jette sa blessure "à la poubelle",s'en débarrasse, s'en libére, se dévoile, pour enfin s'autoriser à être elle-même.
Anne Révah dans une écriture intense et libératrice nous offre un roman psychologique intimiste creusé.
Elle explique très bien les mécanismes psychologiques qu'entraînent une profonde blessure d'enfant et jusqu'où elle peut mener.
Elle y décrit très bien les étapes et les états de la personne en souffrance, les méandres, les tourbillons dans lesquels elle essaie de se débattre.
Anne Révah m'a profondément touché avec Manhattan. C'est un roman fort et poignant, juste et enrichissant, qui je l'espère permettra à un grand nombre d'avancer, de comprendre, d'accepter, de grandir...
Je remercie infiniment Anne Révah pour l'envoi de ce roman.
"J'aurais voulu qu'il y ait quelqu'un sur mon chemin pour suspendre la chute..."